L’Académie Française au féminin

Un billet court pour cette fois, principalement parce que je réalise que je n’ai rien posté ici depuis plusieurs semaines. Cela me navre, malheureusement ma santé n’est pas au beau fixe. Le pire semble être passé et je commence à reprendre du poil de la bête, mais ce n’est pas encore ça. Je ne suis encore qu’à un tiers des corrections de mon prochain roman, c’est dire combien je rame !

En attendant de retrouver l’énergie pour rédiger des articles plus complets, je souhaitais demander votre avis sur une question d’actualité. A la suite d’un conflit à l’Assemblée Nationale au début du mois, l’Académie Française a choisi de rappeler sa position sur la féminisation des noms de titres et métiers. Vous pouvez lire leur déclaration complète ici.

Ils ont entre autres précisé qu’ils rejetaient l’utilisation d’ « auteure » en tant que féminin du terme « auteur », car les mots dérivés sous cette forme sont « contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes ». Or, vous l’aurez peut-être remarqué (ou pas), mais c’est précisément ainsi que je choisissais d’écrire le terme jusqu’à présent. Oups !

D’un autre côté, dans un communiqué datant de 2002, l’Académie Française condamnait tout aussi fermement les termes « autrice » et « écrivaine », affirmant : « L’oreille autant que l’intelligence grammaticale devraient prévenir contre de telles aberrations lexicales. » Hum.

Encore faut-il consentir à qualifier « autrice » de néologisme, ce qui ne met pas tout le monde d’accord. D’aucuns ont même démontré que ce mot était déjà utilisé il y a des siècles avant de tomber dans l’oubli.

Alors qui croire ? Et qu’on ne me dise pas de me contenter d’utiliser « auteur » comme tout le monde. Je ne me reconnais pas dans ce mot, ce qui me semble assez logique puisque je suis une femme. 🙂

Qu’en dites-vous ? Diriez-vous « auteure », « autrice » ? Rien du tout ?

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15 commentaires


  1. « Scribouilleuse », c’est très bien aussi :3

    Mais sinon, « auteure » ou « écrivaine », j’ai toujours trouvé ça très laid. Et je sors avant de me faire lyncher 😛

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    1. Je t’avoue qu’il y a encore peu de temps, je trouvais moi aussi ça disgracieux. Mais quand j’étais salariée, ça ne me serait pas venue à l’esprit de me désigner comme « informaticien ». J’étais informaticienne, point ! Donc ça me dérange de ne pas avoir un terme féminin reconnu pour nommer mon métier. Et au final, on finit par s’habituer aux mots qu’on jugeait très laids au départ, c’est une question d’usage. (Et « autrice », tu en penses quoi ? 😛 )

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      1. Bah, « informaticienne », ça semble plus aller de soi, déjà. Mais « développeuse », par exemple, je trouve ça hideux, même si je suis bien obligée de m’y faire :3

        « Autrice » ? Mymy.

        Après, personnellement, ça ne me dérange pas de ne pas avoir de terme féminin pour tel ou tel métier. Pas parce que j’estime que les femmes ne peuvent pas tout faire (je fais moi-même un métier considéré comme masculin). Mais parce que je pense que tout ça, ce n’est que du vernis. Qu’on se désigne d’écrivain ou d’écrivaine, on va finalement faire la même chose, non ? Rêver et écrire 🙂

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        1. Eh bien en tant que scribouilleuse, justement, ça me dérange qu’il n’existe pas un mot précis pour exprimer le concept que j’ai en tête, à savoir une femme auteur. C’est comme si tu essayais de décrire un objet posé sur ton bureau et que tu t’apercevais qu’il n’a pas de nom dans ta langue. Frustrant !

          Mais ça c’est drôle ; « développeuse » aussi, tu trouves ça moche ? Ça ne m’a jamais posé problème !

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          1. Après, je n’ai pas non plus le même rapport à la langue française qu’un natif, je pense. J’ai appris le français dans de vieux manuels des années 1970 avec plein de mots qu’on n’utilise plus, donc ça a dû laisser des traces.

            Parce que j’ai beau parler le français au même niveau qu’un natif, je n’arrive pas à le considérer comme ma langue. Ce qui fait que ce genre de modifications de la langue, je ne pense pas avoir le « droit » de les faire. Je sais, c’est un peu stupide, mais c’est comme ça xD

            En russe, par exemple, je n’ai aucun problème à modeler la langue à ma guise. Mais le fait est aussi que le russe est une langue beaucoup plus malléable que le français, donc qui se prête bien plus facilement à la naissance de ces néologismes.

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            1. C’est intéressant ce que tu dis ! J’ai le même sentiment par rapport à l’anglais, mais comme je le pratique depuis moins longtemps et moins souvent que tu ne pratiques le français, je n’aurais pas cru que tu étais dans cette situation. Comme quoi, peu importe les circonstances, on a tous un rapport différent avec notre langue maternelle qu’avec celles qu’on apprend ensuite. C’est plutôt classe !

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  2. Et oui, s’assoir sur le passé, briser l’existant pour l’utopie, c’est le but de la bête humaine et de sa suffisance. Enfin, tout lasse et tout casse – auteur ou auteure, quelle importance puisque les romans vendus correctement sont écrits en anglais.
    Bye Bye

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    1. La langue française est une langue vivante, et il serait bien dommage de la laisser de côté sous prétexte que nous sommes moins nombreux que les anglophones ! Elle a encore la possibilité d’évoluer tout en gardant son élégance.

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  3. Je n’ai pas de mal à écrire « une auteur » en fait (par contre « un auteur » en parlant d’une femme j’aurais un peu de mal selon les contextes). Mais personnellement lire « auteure » ne me dérange pas du tout, ni « écrivaine » d’ailleurs (pour « autrice », sans contexte parlant, il me faudrait peut-être une demi-seconde pour identifier le mot, par contre). Mais question intelligence grammaticale, ça a toujours été plus ou moins n’importe quoi dans ma caboche, donc… *se retire à petits pas* 😀

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    1. Je n’ai jamais été très érudite en matière de linguistique non plus, j’utilise le français sans vraiment me poser de questions. Raison pour laquelle ce genre d’interrogation me laisse perplexe ! Mais je te comprends, « autrice » demande en effet du temps pour s’y habituer. Je vais peut-être en rester à mes habitudes actuelles, n’en déplaise à l’Académie Française !

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  4. Il y a une très bonne vidéo sur le site du journal le monde à ce propos (http://www.lemonde.fr/videos/video/2014/10/08/madame-le-president-doit-on-feminiser-les-noms-de-professions_4502772_1669088.html?xtmc=feminisation&xtcr=7), où le gars (un correcteur du monde) dit en substance que les académiciens ne sont qu’un ramassis de vieux conservateurs (oui, c’était une prise de position assez claire). Je vous la conseille…
    Pour moi ce n’est pas la question de « qui croire » mais « quoi choisir », entre le conservatisme, et l’adaptation de la langue aux réalités de la société. L’administration française a tranché en faveur de la féminisation en 1999, de même que les québécois, et aussi les autres pays francophone je crois. Il n’y a guère que les académiciens pour encore soutenir qu’en français, le neutre est confondu avec le masculin, et adéquat pour tous les noms de métier.
    Personnellement, les arguments de l’académie en faveur de la non-féminisation ne me convainquent pas du tout.
    Je féminise systématiquement, et dans le cas qui nous intéresse, j’utilise auteure, mais si l’usage poussait vers autrice ou écrivaine, ça ne me dérangerait pas. On dit bien actrice, sans que ça gêne personne.
    La langue évolue, c’est normal, une langue figée, ça n’existe pas, sauf les langues mortes…

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    1. Merci beaucoup Rachael ! Cette vidéo était très intéressante, et je crois que je te rejoins sur tous les points. Savoir notamment que les québecois ont régulièrement recours à « auteure », c’est très instructif. Ça me conforte dans la position que j’adoptais jusque-là. Il est bien dommage que les académiciens restent figés là-dessus, mais tant pis, on fera sans eux. 😉

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      1. Les québécois sont très militants sur le sujet de la féminisation, peut-être trop (avec les risques d’excès que cela implique) et ils y réfléchissent beaucoup. Pour eux la façon d’appeler les choses et les gens n’est pas neutre et a un impact sur la façon dont on les considère. N’est-ce pas logique ?
        Ils sont aussi militants sur la défense de la langue française contre l’emprise de l’anglais (ils sont cernés les pauvres, faut dire !), avec beaucoup de néologismes (ce qui prouve qu’innovation et défense de la langue ne sont pas incompatibles…).
        On en pense ce qu’on veut, bien sûr, mais il y a quelques jolies trouvailles : j’aime bien par exemple le butinage sur la toile (là où en France nous « surfons sur internet »). Après on peut suggérer des façons de dire, mais c’est toujours l’usage qui tranchera sur ce qui sera utilisé ou jeté…
        En revanche, la « salle de quille » (pour bowling) me fait mourir de rire ! Et « le dépanneur » pour la petite épicerie du coin est d’une telle logique (et quand même plus acceptable que « l’arabe du coin »). Ils sont forts, ces québécois !

        Un petit tour sur l’office québécois de la langue française est très intéressant, si tu as un peut de temps à « tuer », tu y apprendras plein de choses (bien plus que sur le site de l’académie française, ahem…)

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        1. C’est vrai que les québecois déploient des trésors d’ingéniosité inépuisables. Eux au moins font bouger la langue ! Et comme tu dis, ça donne des expressions très attachantes. 😀 J’irai jeter un œil à l’occasion !

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