Traitons un peu un sujet d’actualité (comment ça, la Journée de la Femme c’était samedi dernier ?). En 1985, Alison Bechdel présente dans sa BD Lesbiennes à suivre (Dykes to Watch Out For) un concept qui deviendra connu sous le nom de « test de Bechdel » ou « test de Bechdel/Wallace » (Liz Wallace étant l’amie d’Alison Bechdel à qui elle attribue le mérite de l’idée).
Une œuvre de fiction passe le test si elle remplit ces trois conditions :
- elle inclut au moins deux femmes ;
- ces femmes parlent ensemble ;
- elles parlent d’autre chose qu’un homme.
Bien sûr, ce n’est pas l’outil ultime de détection du sexisme dans la fiction (si l’unique conversation de Marie et Julie porte sur le shopping, l’œuvre satisfait les trois critères, mais c’est tout aussi insultant qu’une dispute sur leur beau voisin Adam ; et si vous racontez les péripéties d’une femme forte dans un monde d’hommes, vous pouvez très bien obtenir un zéro pointé chez Bechdel tout en étant acclamé·e par les féministes). C’est plutôt un indicateur de la qualité de la représentation des femmes dans les histoires, et encore est-il à prendre avec un grain de sel.
Mais réfléchissez-y un peu. Parmi vos films, livres ou séries préférés, combien passent un test aussi simple ? Le calcul est vite fait chez moi : très peu. C’est édifiant, non ?
Et je suis loin de jeter la pierre aux écrivain·e·s ou scénaristes. Moi-même, depuis que j’ai entendu parler pour la première fois de ce test, j’ai posé un œil neuf sur mes romans. Est-ce qu’ils satisfont aux conditions de Bechdel ? Beeen…
En moyenne, si on attribue un point par critère, je dépasse de peu le 1 sur 3.
D’accord, j’ai une forte préférence pour les narrateurs masculins. C’est sûr, ça n’aide pas. Mais ça n’excuse pas tout, et si certaines femmes auteures se font aussi recaler, on comprend mieux que 46% des milliers de films répertoriés sur le site bechdeltest.com échouent au test. Pas besoin d’être un gros macho pour tomber dans le piège. Il suffit de reprendre inconsciemment le schéma prédominant dans la fiction, où les héros sont en majorité des hommes blancs hétérosexuels, et les femmes des personnages secondaires.
Et vous, quand vous écrivez, quel est votre score au test de Bechdel ? Et quand vous lisez ou allez au cinéma ?
[Pour approfondir :
La page Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Test_de_Bechdel
La page Wikipédia en anglais, plus complète : http://en.wikipedia.org/wiki/Bechdel_test
Les résultats de bechdeltest.com (en anglais) : http://bechdeltest.com/statistics/ ]
Permaliens
D’un autre côté, dans la mesure où j’écris essentiellement du slash……… j’ai envie de dire que je suis forcement vouée à l’échec sur ce test et…. honnêtement… je crois que j’en ai pas une qui dépasse le 1 moi non plus ^^.
Permaliens
Ha, oui, c’est le risque quand on se spécialise dans les personnages masculins, et c’est d’autant plus vrai pour toi que pour moi ! Moi au moins, je peux essayer de corriger le tir, ce que je fais d’ailleurs. 😀
Permaliens
Clairement. Mais, c’est intéressant pour d’autres écrits, ça me permettrait d’enrichir ce que je fais.
Permaliens
J’avais entendu parler de ce test…
Pour ma part, je ne conçois pas d’écrire un roman sans une femme au caractère fort, donc les discussions amouuuuur et chiffons ne résument pas leurs interactions.
Mais je dis ça… voyons voit mes résultats à ce test. 😉
Au-delà du remords (roman sombre) : 1. Oui 2. Oui 3. Oui et non, elles parlent famille
Elle, une autre (roman sombre) : 1. Oui 2. Oui 3. Elles parlent d’un homme mais aussi de leur passé respectif
L’étreinte des vagues (comédie romantique) : 1. Oui 2. Oui 3. Forcément, dans une comédie romantique, ça papote romance, donc mecs, mais il y a des dialogues consacrés à l’écriture, aussi, je pense
Bleu du bonheur (thriller psychologique) : 1. Oui 2. Oui 3. Oh que oui, elles parlent en vérité fort peu des hommes
L’abîme au bout des doigts (thriller surnaturel) : 1. Oui 2. Oui 3. Oui, certaines parlent d’hommes, mais il y a des dialogues concernant la mort, aussi
Voilà pour ma contribution.
Permaliens
Félicitations Olivia, tu passes ce test haut la main ! Je t’envie presque. Quant à moi, lorsque j’écris des femmes, elles ont généralement un caractère bien affirmé, mais elles sont si peu nombreuses que j’ai rarement l’occasion de mener des conversations entre elles… Bechdel m’aide à changer mes habitudes, ceci dit, et je m’aperçois que cela fait du bien à mes romans. Mais je doute que j’arriverai un jour à des scores aussi réguliers que les tiens !
Permaliens
Il faut dire aussi que les femmes de mes romans sont souvent les personnages principaux (Au-delà du remords, Elle, une autre, Bleu du bonheur). Pour les autres, elles sont placées au même plan que les héros masculins. Ça aide, donc. 😉
Par contre, elles sont rarement nombreuses.
Permaliens
On est d’accord, le degré de difficulté du test dépend pas mal du sexe du narrateur ! A l’auteur d’assumer ensuite. 😀