Petite leçon sur une manie d’écriture qui me fait toujours grimacer quand je la vois.
« Le brun se retourna. »
« La blonde sourit. »
Vous écrivez souvent ce genre de choses ? Malheureusement, c’est l’un des signes majeurs que l’on a affaire à un texte d’amateur.
En règle générale, un personnage est désigné par son nom. Il y a trois raisons principales pour lesquelles l’auteur peut choisir de déroger à cela :
- il craint les répétitions
- le narrateur ne connaît pas le nom du personnage
- l’identité du personnage est volontairement masquée dans une scène pour préserver le mystère
Aucune de ces circonstances n’excuse une formulation aussi maladroite que les deux citées plus haut. L’explication en est simple : la façon de désigner un personnage doit toujours avoir un rapport avec le contexte, ou être assez exclusive pour que le lecteur comprenne instantanément de qui vous parlez. La règle d’or, c’est qu’on ne doit jamais avoir une seule seconde d’hésitation où on se demande à qui vous faites référence.
Exemple. Vous décrivez un match de tennis et tapez : « Le blond bondit en avant ». Peut-être bien que vous n’avez qu’un seul homme blond sur le court et que le lecteur ne va pas longtemps se poser la question. Mais comme la couleur de cheveux de vos joueurs n’a absolument aucun rapport avec leurs performances sportives, vous l’obligez quand même à s’interroger : « Lequel des joueurs est blond, déjà ? » Parce que ce terme est complètement hors contexte.
De manière générale, la couleur de cheveux de quelqu’un sera toujours hors contexte, à moins que vous racontiez le quotidien d’un salon de coiffure ou que votre narrateur soit de caractère superficiel et ne flirte qu’avec les femmes rousses. C’est la description du pauvre. Il existe tant d’autres formulations plus spécifiques, plus parlantes et plus élégantes pour désigner même un inconnu croisé dans la rue !
Alors faites un petit effort, votre texte et vos lecteurs vous en remercieront. 😀
Permaliens
« à moins que vous racontiez le quotidien d’un salon de coiffure » tu sais que c’est limite tentant d’essayer et de ne désigner tous les personnages que par leur couleur de cheveux ? 😛
Mais c’est marrant, parce que je me suis jamais interrogée là-dessus et j’avoue qu’il ne me viendrait pas en tête de désigner quelqu’un par la couleur de ses cheveux oo Enfin, à la base, je suis très avare en descriptions physiques, ça doit venir de là xD
Permaliens
Non mais toi, évidemment, tu prends tout comme un défi d’écriture ! 😆 Mais oui, en effet, tu es moins susceptible que d’autres de tomber dans le piège !
Permaliens
Bah attends, c’est une superbe idée. Je vois ça d’ici…
« La rousse se demanda ce qu’elle avait bien pu faire pour rater la permanente de la blonde. Peut-être que ça ne se verrait pas. Ou peut-être qu’elle pouvait trouver un moyen de camoufler le carnage. Ou peut-être qu’elle devait arrêter de chercher midi à quatorze heures et juste se servir de la hache. »
Ca va, je connais la sortie :3
Permaliens
Tu es unique, grenouille. 😀
Permaliens
Heureusement 😛
Permaliens
Ah, ça c’est un truc fréquent en fanfiction XD. Je ne sais pas si on le voit beaucoup ailleurs.
Personnellement, il m’a fallu un moment pour le corriger. De mémoire, ça ne fait que quelque chose comme 2 ans que j’ai véritablement arrêté d’user de cette mauvaise pirouette pour ne pas répéter le prénom des personnages et pour trouver une certaine souplesse à ce sujet. (Encore que : je suis actuellement dans un processus de corrections éditoriales et j’ai eu des remarques – très intéressantes – par rapport à quelques « la jeune femme » que j’ai mis qui induisent un passage à un point de vue externe alors que, jusque-là, le point de vue adopté était plutôt interne, même si écrit à la troisième personne du singulier. Donc on en apprend tout le temps. ^^)
Permaliens
Je trouve qu’on voit pas mal ça dans les textes originaux de petits jeunes de l’écriture, aussi. Je crois que je n’ai jamais fait la « faute », et ça me rend toujours assez perplexe de la voir – mais il faut dire que j’ai surtout appris à écrire par mimétisme de mes écrivains préférés, au départ. Mais c’est vrai qu’en tant d’auteur, on n’a jamais fini d’apprendre ! Tu as trouvé un éditeur qui fait bien son boulot s’il a pris le temps de t’expliquer ses remarques, ça doit faire plaisir !
Permaliens
J’ai trouvé deux éditeurs au top : Laska, avec qui j’ai fini de faire le travail de correction et qui m’a envoyé des propositions de corrections intéressantes, fines, justes, et bien expliquées… Un plaisir. Et HQN-Harlequin, avec qui je n’ai pas encore fait ce travail de correction mais j’ai eu l’occasion d’en parler avec mon éditrice (et d’aborder ce point concernant le point de vue, justement), en plus de me faire chouchouter en recevant de sa part des bouquins publiés chez eux qui correspondent à mon style d’écriture/mes thèmes. Et, là encore, c’est un plaisir. 🙂
Permaliens
Je te souhaite que ça continue sur cette voie, dans ce cas ! Ça a l’air prometteur.
Permaliens
Je l’admets: je suis passée par là, et j’ai toujours autant de mal à trouver de bonnes périphrases pour désigner mes personnages. X-x Maintenant, à chaque fois que je vois la faute sur FFnet, ça pique les yeux.
Cela dit, je me demande si cette désignation est considérée comme correcte en anglais: j’ai l’impression de la voir beaucoup plus dans les fanfics anglophones… En même temps je ne me souviens pas l’avoir vue beaucoup dans des romans proprement dits, donc c’est très probablement une erreur de débutant qui s’est généralisée. C’est le problème des fanfics: quand tout le monde imite tout le monde, on retrouve non seulement les mêmes thèmes, mais surtout les mêmes bourdes. :/
Je serais presque curieuse de lire le scénario dont tu parles. XD Grenouille a l’air bien partie!
Et puis, un héros tellement superficiel qu’il juge tout le monde sur l’état des cheveux, et retient les coiffures au lieu des prénoms… Quand tu y penses, ça ferait une bonne satire de la société.
(…Pourquoi je me remets à penser à Joshua? ^^; )
Permaliens
Il n’y a pas de raison que ce soit plus correct en anglais qu’en français. C’est de la paresse littéraire, c’est tout. Et oui, malheureusement, à force de voir tous les autres faire pareil, ils s’imaginent que c’est la bonne manière de procéder ! Pourtant, une fois qu’on est habitué à autre chose, ça pique les yeux comme tu dis.
Sej est toujours partante pour les idées loufoques. 😆 Mais si le concept de base t’intéresse aussi, je t’en prie ! (Quant à ton obsession, je ne ferai pas de commentaire. :D)