Oui, désolée, aujourd’hui sera un nouveau plaidoyer pro-fanfictions. Il en faut bien, puisque certaines personnes s’acharnent à les démolir.
C’est via un message de Maeum sur le forum de Plume d’Argent que je suis tombée sur les « leçons d’écriture » de George R.R. Martin, illustre auteur de la très célèbre saga du Trône de Fer. Il y a une autre de ces « leçons » avec laquelle je ne suis pas du tout d’accord, mais c’est vraiment celle-ci qui m’a prise à rebrousse-poils.
Pour nos amis non-anglophones, elle dit : « N’écrivez pas dans mon univers, ni dans celui de Tolkien, ni dans l’univers Marvel, Star Wars ou tout autre contexte emprunté. Chaque écrivain a besoin d’apprendre à créer des personnages, des mondes et des situations. Utiliser le monde de quelqu’un d’autre est la solution du paresseux. Si vous ne faites pas travailler ces muscles littéraires, vous ne les développerez jamais. »
J’ai l’impression de lire une variante de la déclaration de Anne Rice dont je vous ai parlé il y a quelque temps, qui disait : « Si j’étais un jeune auteur, je voudrais posséder mes propres idées. Mais peut-être que la fanfiction est une phase transitoire : si cela vous amène là où vous voulez aller, tous les moyens sont bons pour progresser. »
Chers lecteurs, soyez honnêtes : quand vous vous inscrivez à un club de tennis ou de natation pour faire un peu d’exercice, le faites-vous en partant du principe que vous êtes le prochain Rafael Nadal ou la prochaine Laure Manaudou ? Non ? Moi non plus.
Alors est-ce qu’on peut m’expliquer ce que c’est que cette idée fixe des écrivains professionnels selon laquelle quelqu’un qui crée des fanfictions (ce qui constitue, par définition, un loisir) veut forcément faire carrière dans l’écriture ? On peut nager simplement parce qu’on aime nager… mais on ne peut pas écrire juste parce qu’on aime écrire ? Il faut forcément vouloir devenir assez bon pour passer pro ? Pitié, que quelqu’un fasse un peu descendre les « experts » de leur piédestal, qu’ils remettent les pieds sur terre !
J’ai conscience d’être mal placée pour faire ce genre de remarques. Certes, je fais justement partie de ces anciens auteurs du dimanche qui se sont mis en tête de faire carrière.
Mais tout ce que ça change à mon argumentaire, c’est que cela me met en très bonne position pour affirmer que même le reste de la « leçon » ne vaut pas un rond ! La fanfiction, ça ne développe aucun muscle littéraire ? Mon œil ! C’est au contraire un excellent terrain d’entraînement pour apprendre à maîtriser la langue, à se construire un style personnel, à développer un scénario cohérent et à respecter les lois de la logique narrative (un personnage « OOC » étant un très bon exemple d’illogisme narratif).
Une fois ces ficelles en main, il est ensuite beaucoup plus facile de se lancer dans la fiction originale et de combler ses lacunes en matière de création d’univers et de personnages. Pour en revenir au parallèle avec la natation, expliquez-moi où est le mal à savoir flotter avant d’apprendre la brasse ? Ça me semble au contraire plutôt pratique.
Bref, encore une remarque d’un écrivain qui s’imagine avoir la science infuse sur le sujet parce qu’il a du succès en librairie : puisqu’il a suivi un chemin professionnel et que cela lui a réussi, ce chemin-là est forcément le seul qui vaille. De la part de quelqu’un qui affirme d’autre part que « c’est le voyage qui compte, pas la rapidité avec laquelle vous arrivez à destination »…
Argh.
(Un cookie virtuel à qui devinera laquelle des autres « leçons » de George R.R. Martin me fait grincer des dents. 😉 )
Permaliens
P… de B… de M… C’est pas comme si les auteurs de fanfictions se faisaient du fric sur son dos. Ou comme s’il manquait d’argent vu comment ses livres se vendent. Je trouve au contraire que réutiliser des personnages ou des univers tant qu’ils ne sont pas OOC est une forme d’hommage pour les écrivains et autres auteurs. Coco Chanel a dit « La copie est l’hommage que rend la médiocrité au talent ». Même si je ne suis pas d’accord avec le mot médiocrité, le reste vaut. Plus proche un proverbe chinois dit « Copier c’est rendre hommage à l’original ».
« To cut a long story short » (j’adore cette expression), je suis d’accord avec toi et ton coup de gueule.
FANFICTION FOREVER !!!
Permaliens
Ça fait plaisir de se sentir soutenue ! Et je suis bien d’accord, je serais quant à moi sacrément flattée si on écrivait des fanfictions sur mes romans, même si elles étaient mal écrites… C’est quand même une belle démonstration d’admiration !
Permaliens
Je suis d’accord avec toi, la fanfiction peut être un moyen honorable de commencer à écrire avant de se lancer, ou pas, dans ses propres créations. Comme tu le dis, tout dépend de l’ambition de chacun dans le domaine. En ce qui me concerne, je me focalise tellement sur mon désir d’en faire mon métier que, je l’avoue, j’ai du mal à cerner l’intérêt qu’on peut trouver à se limiter à la fanfiction. Peut-être que l’ami George n’a jamais vu qu’à travers ce prisme lui aussi. C’est tellement « plus facile » pour un Américain de devenir pro que son point de vue est peut-être plus facilement considéré comme la norme là-bas.
Pour la leçon… la 5 ?
Permaliens
Plus facile ? Je ne sais pas… Mais c’est triste que tant d’écrivains pro aient des œillères sur le sujet. Je préfèrerais vraiment qu’ils se taisent plutôt que de dire des bêtises !
Et bien vu, c’est en effet la leçon 5 qui m’agace ! J’ai un peu de mal à avaler son « le scénario n’est qu’un aspect de l’acte de raconter une histoire, et pas le plus important »… Gloups. 🙂
Permaliens
Ce marché doit aussi avoir ses difficultés, c’est sûr, mais quand tu sais qu’un éditeur (voire même des fanzines) t’achètent tes textes pour avoir le droit de les publier, ça doit quand même aider pour réussir !
En tout cas, ça me ferait aussi très plaisir que quelqu’un trouve mes histoires assez dignes d’intérêt pour avoir envie de se les approprier par le biais de la fanfiction !
Cool, un cookie !
Et ne sois pas trop dure avec le vieux George, n’oublie pas que toutes ces phrases sont tirées de leur contexte 😉
Permaliens
Certes, j’essaie de rester objective. Et puis bon, il ne dit pas que des bêtises à côté de ça, ha ha !
Permaliens
100% d’accord avec toi, comme toujours. Je ne sais pas si ça te consolera profondément, mais à chaque fois que je dois parler de mon parcours d’auteur, lors d’une interview ou pendant les rencontres scolaires comme je viens enfin d’en faire, je ne manque jamais une occasion de dire que c’est la Fanfiction qui m’a donné le déclic de l’écriture ni d’expliquer en quoi ça m’a été très bénéfique. Je n’en écris plus aujourd’hui, faute de temps (et par monomanie, PM oblige), mais je m’en raconte continuellement dans la tête et c’est fou comme ça me donne la pêche pour écrire ! Très bel argumentaire, ma Drago, je m’en souviendrai !
Permaliens
Ça me console, oui ! J’ose espérer que beaucoup d’écrivains de notre génération ont le même point de vue que toi, ça fera peut-être un peu réfléchir les gens ancrés dans leurs idées fixes !
Permaliens
Voilà. 😉
J’ajoute que, pour ma part, je ne me suis jamais posé la question de la fanfiction, je ne savais même pas que ça existait il y a deux ans à peine (mais je pense te l’avoir déjà dit).
Leçon 1 ? 😛
Permaliens
Tiens, mon commentaire ne s’est pas mis sous celui de Tom -> +1
Permaliens
Petit raté technologique. 🙂 Mais non, ce n’est pas la leçon 1. Je ne pense pas qu’il ait vraiment tort pour celle-là (et je ne lis/suis pas le Trône de Fer ; je n’aurais peut-être pas le même point de vue dans le cas contraire ! 😆 ). C’est Tom qui a raison, il s’agit de la 5.
Permaliens
Ces auteurs protectionnistes doivent mal sentir le best-seller 50 nuances (je dis zut à celui qui me corrige sur le titre de ce livre), puisqu’il s’agissait d’une fanfiction sur Twilight devenu… un roman à succès.
On peut ne pas aimer le livre, il n’empêche qu’il a marché… (Pan! dans tes dents Rice !)
Permaliens
On pourrait espérer que ça les ferait un peu changer d’avis, mais j’en doute très fort… Faut dire que c’est pas non plus de la grande littérature, mais bon… En effet, ça marche, ce qui est déjà pas mal.