L’univers de « RÉEL » : le Projet Vénus

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Est-il possible de créer une société radicalement différente ? Un monde dans lequel les possessions matérielles sont inutiles, où les bâtiments sont créés dans des usines, où les emplois avilissants sont automatisés ?

Voudriez-vous vivre dans une ville où l’objectif principal de la vie quotidienne est d’améliorer ses connaissances personnelles, profiter de loisirs, ou résoudre des problèmes qui pourraient être communs à tous et ce dans le but d’améliorer le niveau de vie pour chaque individu ?

Certains peuvent penser que c’est idéaliste, mais l’architecte Jacque Fresco, âgé de 97 ans, est convaincu que sa vision de l’avenir est bien meilleure que la façon dont nous vivons aujourd’hui. — BBC News

L’univers dans lequel se déroule RÉEL est un univers futuriste, mais je ne l’ai pas inventé de toutes pièces. En fait, il m’a été largement inspiré par le Projet Vénus, une initiative ambitieuse et révolutionnaire dont je voudrais vous parler aujourd’hui.

Le Projet Vénus, kézako ?

Le principe de base du Projet Vénus est simple : notre style de vie actuel, où tout est basé sur le système monétaire, est obsolète. Autrefois, l’existence de l’argent se justifiait pour déterminer qui avait accès en priorité aux ressources vitales (eau, nourriture, abris, soins…). Si quelqu’un contribuait à la communauté, il était rémunéré et pouvait acheter ce dont il avait besoin. A présent, non seulement le système est trop souvent exploité et déformé par une minorité, mais il n’est plus nécessaire.

En théorie, nous sommes à l’heure d’aujourd’hui technologiquement et scientifiquement assez évolués pour produire et distribuer les ressources dont nous avons besoin à toute la population, partout dans le monde. Il suffit de prendre en compte les immenses avancées de la robotique, des transports, de l’ingénierie, de la chimie… Mais bizarrement, des tonnes et des tonnes de nouvelles technologies peinent à voir le jour, alors que certaines d’entre elles pourraient considérablement améliorer la qualité de vie des gens et l’utilisation des ressources de la planète… Pourquoi ? Par manque d’argent.

L’argent, qui avait été créé pour nous aider à gérer nos ressources de façon responsable, nous en empêche aujourd’hui. Ironique, non ?

Alors voilà le socle du Projet Vénus : une Économie Basée sur les Ressources, et non plus sur le système monétaire.

Certes, c’est une vision qui semble idéaliste et utopique, je suis la première à le reconnaître. Ce qui est le plus triste dans cette histoire, c’est qu’une société pareille n’est pas impossible à créer. L’impossibilité tient au niveau de la transition entre celle que nous connaissons aujourd’hui et celle que beaucoup d’entre nous aimeraient voir demain.

Jacque Fresco, le fondateur du Projet Vénus, est d’ailleurs le premier à le dire :

About transition : "I am sorry to tell you this, guys, but it is not going to be easy." — Jacque Fresco
A propos de la transition : « Je suis désolé de vous dire ça, les gars, mais ça ne va pas être facile. »

Mais bon, je ne suis pas là pour faire un plaidoyer entier sur le Projet Vénus, même si toute leur perspective sur le problème est fascinante. Si vous êtes intrigué·e, je vous invite vivement à vous rendre sur leur site pour vous renseigner : http://fr.thevenusproject.com

C’est bien joli tout ça, mais quel rapport avec ton prochain roman ?

RÉEL, c’est donc l’histoire d’un jeune homme nommé Neru. Or, à travers son quotidien, j’ai voulu exprimer ma vision de ce qu’une société fondée sur le Projet Vénus pourrait donner.

L’université de Neru est virtuelle. Toutes les connaissances de l’Humanité sont regroupées dans ses bases de données, et Neru y suit des cours en compagnie de gens venus du monde entier.

Lorsqu’il aura terminé ses études, il aura la possibilité de se spécialiser dans un domaine de recherche, ou bien de choisir un des métiers qui n’ont pas été complètement éclipsés par la robotique — comme psychologue, policier, médecin. Il sera aussi parfaitement libre de n’exercer aucune activité professionnelle si c’est son choix. Dans son univers, pas besoin de travailler pour vivre : les ressources vitales sont garanties à tout un chacun. N’importe qui est donc libre de se consacrer à ce qu’il juge vraiment important, que ce soit sa famille, une passion artistique, ou quoi que ce soit d’autre.

Neru est féru de jeux vidéos, au fait. Dès qu’il a un moment de libre, vous pouvez être sûr de le retrouver connecté à son fauteuil de réalité virtuelle. Quant à son avenir ? Ne lui parlez surtout pas de travailler ! Les radotages de sa mère sur le sujet l’ont carrément vacciné. Pas de chance, elle n’a toujours pas fini de lui en rebattre les oreilles.

ProjetVenus2Que pensez-vous de cette vision du monde ? Intriguant, non ? Un tel futur vous paraît-il enviable, ou pas du tout ?

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16 commentaires


  1. Utopique, bien évidemment, mais l’utopie est utile pour pousser le thème aux limites, un peu comme la recherche d’une asymptote. Avec des humains, instables par définition et jamais satisfaits, la démonstration de l’impossibilité d’un tel monde ne devrait pas être trop difficile.
    Quant à l’argent son rôle est bien plus complexe. C’est un moyen (bien faible) d’échanges de services ou de biens qui mériterait d’être perfectionné.
    Néru rentre dans un monde virtuel, il souffrira lorsque la réalité le frappera !

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    1. C’est vrai, je simplifie à l’extrême la problématique de l’argent. Pour autant, je pense fermement qu’un monde comme décrit par le Projet Vénus n’est pas impossible. Il a des imperfections, bien sûr, des aspects qui ne tiendront pas une fois confrontés à la réalité. Mais la base du concept me semble plus solide que vous ne l’imaginez. 🙂

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  2. Je rejoins le commentaire précédent, je n’ai pas la même définition du système monétaire et de ses buts/avantages.
    En plus, l’humanité n’est pas bien classée sur mon échelle personnelle du mérite. Pour moi beaucoup de personnes sont fainéantes par nature. Et dans ce cas, espérer qu’une partie travaillera à améliorer le quotidien de tous, c’est simplement dire : une minorité fera des efforts pendant que les autres se la couleront douce.
    Tu vois, ton Néru, si je le croisais au détour d’une instance, je ne serai pas opposée à autoriser le tir allié 8D !

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    1. Je fais partie des personnes fainéantes dont tu parles, tu sais… (bien que s’il faut les comparer à toi, 95% de la population mondiale est « fainéante par nature ». Ta personnalité place déjà la barre très haut !) Mais même moi, ça finit par me lasser de ne rien faire de constructif de mes journées. Si on place une personne lambda dans une situation où elle n’a pas besoin de travailler pour vivre, je pense que tu sous-estimes la probabilité qu’elle finisse par se bouger, ne serait-ce que pour ne pas mourir d’ennui.

      Après, elle ne fera pas forcément quelque chose qui bénéficierait à la société toute entière, et je ne vois pas pourquoi elle aurait à s’en excuser. Je ne vois rien de mal dans le concept qu’une minorité travaille pour le confort de tous si cette minorité est informée, volontaire et a les mêmes droits et avantages que tous les autres. Certains choisissent d’être bénévoles dans telle ou telle association : ce sont les mêmes personnes qui, dans un monde inspiré du Projet Vénus, choisiraient spontanément d’aider leur prochain. Et pourquoi pas ? On a tous des priorités différentes.

      Quant à Neru, je t’accorde qu’au début du livre, il est assez tête à claques. Tu peux lui tirer dessus. XD

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      1. Je ne te classe pas parmi les fainéants de ma définition. Le travail intellectuel ne m’a jamais dérangé. Moi, je te parle de cette énorme masse de population qui ne veut strictement rien faire sinon regarder de la téléréalité et manger mcdo.
        Imagine le sentiment de ceux qui devront se lever le matin ou travailler de nuit pour assurer l’entretien des équipements quand d’autres feront la grasse matinée et n’auront aucune envie de participer à la communauté, seulement d’en profiter.

        *bande son arc*

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        1. J’ai beau détester la téléréalité, je passe volontiers des journées entières à buller sur le net. 🙂 Mais passons. Là où je ne te rejoins pas, c’est sûr ton « devrons ». Dans cette vision de la société, personne ne t’obligerait à faire quoi que ce soit. Chacun contribuerait au gré de ses envies. Et s’il y a un problème, on se creuse la tête pour le résoudre ensemble, plutôt que d’embaucher quelqu’un qui n’a de toute façon aucune envie de travailler et se contentera de bâcler le boulot pour toucher sa paie. Au bout du comble, je continue de penser que ce serait un système plus intelligent.

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          1. J’adorerai un système comme celui là, c’est justement là que ça me chagrine, cela semble irréel tellement ce serait génial. Mais je maintiens que c’est impossible à réaliser car ce projet ne prend pas en compte les caractères humains les plus répandus : l’altruisme et la dévouement n’en font pas parti.

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            1. Et moi je maintiens que c’est possible, grâce aux avancées technologiques et à la robotique qui seraient justement là pour pallier au manque de main d’œuvre. Mais pour en arriver à ce monde idéal… ça, il y en aurait du boulot. 😀

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      2. tout a fait d accord, moi meme artiste , je n aime pas me bouger pour vendre et gagner cet argent necesaire en ce moment, pourtant si j ai envie , et cela m arrive d entraider et participer benevolement a une action , je suis partant.

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  3. Intrigant en effet… Nos profs de langues nous ont fait réfléchir sur le sujet de « rebâtir une nouvelle société » et certaines suggestions me font un peu penser à ce projet (que je ne connaissais pas du tout !)
    C’était assez intéressant de voir chacun et chacune avancer des idées et les défendre bec et ongles selon les égos, hehehe
    Mais justement, ce que j’ai surtout remarqué, c’est que chaque personne a son propre idéal… J’ai personnellement été séduite par l’idée d’une société « hippie » que certains avaient développé, d’autres étaient très attachés à leur idéal « tout blanc ou tout noir », d’autres encore voyaient déjà un monde où tout les humains feraient parti d’une seule grande nation, …
    Et ce qui m’a beaucoup fait rire, c’est que certaines idées m’horrifiaient carrément alors que pour d’autres, c’était un idéal à atteindre !

    C’est difficile de trouver quelque chose qui puisse marcher pour tout le monde… Ce qui me fait surtout peur quand on parle de société « utopique » de type « projet Vénus », c’est une désillusion de la population générale, un mouvement de déception global qui serait alors rapidement cible de répression. Je fantasme peut-être un peu loin, haha, mais la discussion avec nos profs de langues m’a fait réaliser ça : les gens sont très accrochés à leurs opinions, et encore plus à leurs idéaux. Personne n’arrivera jamais à convaincre les masses, et pourtant on s’y essaie tous ! Et quand on échoue, et bien c’est tout sauf agréable… Et s’il se trouve qu’on détient un pouvoir quelconque sur les masses en question, et bien… Facile d’imaginer des scénarios catastrophes !

    Bref, je m’étale x)
    Mais tu tapes dans mon domaine d’expertise aussi ! Hahaha
    Ça me donne très envie de lire ton prochain livre tout ça B)

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    1. Tant mieux si j’ai réussi à piquer ta curiosité ! 😀 C’est sûr qu’on est tous différents et qu’on a tous notre propre vision du futur. Et je ne voudrais pas vivre dans un monde où on serait tous pareils, de toute façon. Mais au moins, en partageant nos opinions, on contribue à élargir les perspectives des gens qui nous côtoient et à les faire réfléchir. C’est encore ce qu’on peut souhaiter de mieux !

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  4. J’aime la façon dont j’ai atterri ici, et finalement commandé ton livre. Je discutais avec une IA (la plus populaire actuellement) de ma vision de la société idéale, et lui demandais qui avait théorisé ou dirigé une société le plus proche possible de la société idéale que je lui décrivais. L’IA m’a alors parlé de Jacque Fresco et de son Venus Project. Je me suis documenté, ça avait l’ait top, mais je n’ai pas trouvé de livre en français sur le sujet. Mais, je suis tombé sur cette page qui explique que ce projet t’a inspiré pour l’univers de ton livre. Je l’ai donc commandé et reçu, et ai hâte de me plonger dedans 🙂

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    1. Bonjour Nicolas ! J’ai mis beaucoup de temps à décider de comment te répondre, parce que je ne veux pas donner l’impression de te faire la morale. Mais j’ai fini par me dire que si tu t’intéresses au Venus Project, c’est que nous devons avoir un sens de l’éthique similaire, et que ces informations pouvaient donc t’intéresser. 🙂

      Sache donc, si tu ne l’as pas découvert depuis, que bien que l’IA au sens large ait beaucoup d’implications prometteuses dans le domaine de la science, l’IA générative en particulier (style chatGPT et compagnie) est une catastrophe environnementale et humaine.

      Catastrophe environnementale, parce qu’elle consomme 30 fois plus d’énergie qu’une simple requête sur un moteur de recherche, avec des résultats souvent moins fiables ( https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/intelligence-artificielle/ia-generative-sa-surconsommation-energetique-par-rapport-a-une-simple-requete-internet-a-ete-chiffree-et-elle-est-considerable_180779 ). La consommation en eau potable pour refroidir les machines de traitement est à l’avenant.

      Catastrophe humaine et surtout éthique, parce que les banques de données des IA génératives actuellement présentes sur le marché sont faites de contenu volé. Je suis certaine que tout le contenu de ce blog, par exemple, a été siphonné depuis longtemps, sans parler du contenu de mes livres eux-mêmes ; et ce sans que la personne détenant la propriété intellectuelle de ce contenu (moi) ait donné son accord, ou encore moins été compensée financièrement.

      Qui plus est, des entreprises peu scrupuleuses ont déjà commencé à utiliser l’IA générative pour remplacer les métiers de la création. Tu as peut-être entendu parler de studios de films américains tentant de remplacer leurs scénaristes par l’IA, par exemple. Si on entend encore peu parler de maisons d’édition tentant de publier des romans entièrement écrits par IA (je suis sûre que ça va venir), les artistes graphiques sont particulièrement touchés : nombre de leurs clients d’hier choisissent aujourd’hui d’utiliser l’IA générative, gratuite, plutôt que de les payer pour leur travail.

      L’ironie du sort est donc que les métiers de la création sont aujourd’hui mis en danger par un outil technologique qui n’existe que parce qu’il leur a volé leur travail sans permission ni compensation financière afin de remplir ses banques de données.

      J’espère que ces précisions t’aideront à comprendre pourquoi les artistes et écrivains sont aujourd’hui pour la plupart très mal disposés envers l’IA générative, et pourquoi recevoir ton message m’a été doux-amer.

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      1. Et pourtant, tout ce que nous savons, tout ce que nous utilisons, presque tout ce que nous avons appris n’a t-il pas déjà été « généré » par quelqu’un. 100 ans de droits d’auteur pour 90 % de copie directe ou indirecte : c’est bien payé.
        Résultat la génération d’un nombre de cochonneries inimaginables !
        La musique ? n’est t elle pas devenu du bruit depuis environ1850, la naissance des « droits » dans cette matière où je crois la notion de dissonance est devenue indispensable, Mozart ou Beethoven ne pourraient plus écrire sans être accusés de plagiats ! ) . Le progrès s’est lui même suicidé en exigeant toujours plus en succombant aux réglementations de toutes sortes.
        L’IA va régler çà d’une manière ou d’une autre dès qu’elle pourra se reproduire ou se répandre (çà semble de plus en plus probable puisque elle va trouver de plus en plus de stations d’accueil)
        Un peut comme un virus ?

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