Il fait peur, ce titre, hein ? Mais rassurez-vous, j’ai bien l’intention de persévérer.
Le fait est qu’avec la sortie de RÉEL approchant à grands pas, je n’ai que très peu l’occasion d’écrire en ce moment. Eh oui, mine de rien, comme le dit Jean-Philippe Touzeau (un écrivain français autopublié qui vit de sa plume, soit mon modèle à atteindre) : s’autopublier, c’est passer 60% de son temps à gérer la publication et la publicité, et seulement 40% à écrire. Et c’est encore pire en période de lancement.
Quand je peux trouver un peu de temps en tête-à-tête avec mon clavier, ce n’est même pas sur mon prochain roman que je me penche… mais sur une nouvelle que j’ai promis il y a déjà un mois et demi aux abonnés de ma newsletter. Je touche au but et je suis fière du résultat, mais le chemin aura été long pour en arriver là.
Et pourquoi ai-je mis tant de temps à boucler cette histoire courte ? Pourquoi ai-je lutté tout du long pour aligner des mots récalcitrants sur l’écran ? Pourquoi n’ai-je pas touché au fichier des Enfants de Prométhée depuis août dernier ?
D’accord… Je fais un blocage.
Depuis des mois maintenant, écrire tient de l’arrachage de dents. Ma muse ne coopère pas, les mots sont des bogues de châtaigne que je cueille à mains nues en m’écorchant les doigts sur leurs épines. Rédiger cette nouvelle m’a prouvé que je pouvais passer outre et avancer malgré tout, mais ça n’a rien d’une partie de plaisir.
Quand un auteur est confronté à un tel mur et que forcer le chemin au bulldozer ne marche pas, il est temps de prendre du recul pour tenter d’en déterrer les fondations.
Lorsque je suis confrontée à ce genre de difficultés, j’ai pour habitude de retourner à ce que j’ai appris durant les cours d’Holly Lisle. Or, ici, sa toute première leçon sur les « Quatre Barrières de la Pensée » me semble tout à fait appropriée. C’est ainsi qu’Holly nomme les quatre sources majeures de négativité et de pessimisme qu’elle a identifiées : les barrières mentales qui ont tendance à nous empêcher de nous concentrer sur ce qui est vraiment important pour nous. Elle les exprime ainsi :
SAUF ne commence jamais,
PARFAIT ne termine jamais,
VICTIME n’agit jamais,
SENTIMENT ne pense jamais.
C’est un peu de la psychologie de garage, mais le but n’est pas d’écrire une thèse sur le cerveau humain. C’est une méthode pour identifier ce qui ne va pas chez nous — chez les créatifs — et y trouver des solutions. Je ne vais pas expliquer tout le principe ; ce serait trop long et Holly y parvient bien mieux que moi.
Toujours est-il que si j’analyse mon état d’esprit de ces derniers mois… mon mur a tout à coup un nom : « PARFAIT ».
Êtes-vous du genre perfectionniste ? Moi, oui. Ma tendance naturelle est de fignoler quelque chose jusqu’au bout, même quand je suis la seule à voir la différence dans ce que je viens de faire.
Mais quand on écrit, il faut mettre le perfectionnisme aux oubliettes, au moins pendant le premier jet. Un roman n’est jamais parfait d’emblée, il y aura toujours des corrections à faire une fois le dernier point posé. Mais pour polir une histoire, il faut déjà qu’elle existe.
Mon mode opératoire normal, c’est de commencer par écrire le roman en me forçant à ne pas regarder en arrière.
Puis je laisse décanter, et je fais une relecture pendant laquelle je note sur un carnet tout ce que je dois changer, de la moindre virgule en trop aux scènes entières à ajouter/supprimer/remplacer.
Enfin je reviens à mon clavier et j’opère toutes les modifications que j’ai listées, dans l’ordre et sans trop pinailler.
Le perfectionnisme a sa place pendant la seconde étape, et en doses limitées durant la troisième. Or je n’ai jamais été aussi heureuse en écriture ces derniers mois que maintenant que je m’occupe des corrections de ma nouvelle. Le premier jet ? Une torture. Tout était mauvais, à vomir, bon à jeter. Mais à présent que je corrige, c’est papillons, licornes et arcs-en-ciel. Tout n’est que joie et amour. Cette nouvelle est un chef d’œuvre.
D’où l’explication de ma « maladie » : j’ai laissé mon perfectionnisme prendre le dessus. À force de vouloir publier des romans nickel pour vous, lecteurs, j’ai corrigé, édité, corrigé encore Le Dragon blanc et RÉEL, et planté les graines de la zizanie. Au point qu’il m’est impossible d’aligner deux lignes sans vouloir tout effacer.
Triste à dire, mais me « rééduquer » va prendre du temps. J’espère mettre la nouvelle en ligne la semaine prochaine, et RÉEL sort dans deux semaines… Après ça je n’aurai plus qu’à bosser ferme sur ce tome 2, quitte à écrire n’importe quoi, m’engager dans de grosses impasses scénaristiques, revenir en arrière et recommencer. Il faut que je crée du chaos jusqu’à assommer le champion de l’ordre et de la perfection que j’ai eu le malheur d’éveiller en mon for intérieur.
Et vous, vous arrive-t-il de faire du surplace par perfectionnisme ? Comment le gérez-vous ?
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Permaliens
Ne t’inquiète pas Drago. Il y a un auteur (un vieux, dont j’ai oublié le nom) qui passait plusieurs jours à choisir un seul mot, à le peser, le décortiquer, à en admirer les teintes et les nuances. Il demandait même l’avis à son secrétaire… Tous ses livres ont été écrit de cette façon. Donc tu as de l’avenir devant toi 🙂 car je crois bien que le Monsieur en question a obtenu le goncourt.
Ceci dit, j’attends tout de même la suite…
Permaliens
Ah non, mais je préfère raconter mille histoires que passer ma vie sur un seul livre dans l’espoir de gagner le Goncourt ! Pas d’inquiétude, je n’en suis pas là… et j’espère ne jamais en arriver là. 😛
Permaliens