J – 4, et voici le chapitre 2 où il est question de zombie et de conflit des générations.
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Chapitre 2
Le système de réalité virtuelle se déconnecta avec un bip plaintif.
Neru revint à lui dans le noir et cligna des yeux, désorienté. Sa tête était lourde, signe qu’il avait encore oublié l’heure et raté une nuit entière de sommeil. La sueur avait humidifié sa nuque autour des capteurs pressés dans sa chair. Il se redressa avec difficulté. Il frissonna quand son cou se dégagea du mécanisme rendu tiède par son contact.
L’intelligence domestique détecta son activité et replia automatiquement les volets. Neru jura quand le soleil de fin d’après-midi entra à flots dans la chambre. Bien que son cerveau se soit cru en pleine lumière quelques instants auparavant, il n’avait pas ouvert les yeux depuis plus de vingt-quatre heures et ils le lui firent payer.
— Semi-fermeture, geignit-il en les protégeant des deux mains.
Le système tourna avec obligeance les lamelles des persiennes, plongeant la pièce dans une pénombre ambrée. Neru soupira et cligna des paupières contre les dernières traces d’éblouissement. Il essuya ses yeux larmoyants du dos de la main. C’était pour ce genre d’incidents qu’il détestait la grande baie vitrée qui constituait tout un pan de mur de son appartement. Orientée au sud, elle était conçue pour que les rayons du soleil chauffent la pièce unique, mais il ouvrait rarement les volets. Il faisait donc toujours frais à l’intérieur.
Neru fit basculer ses jambes engourdies du fauteuil de réalité virtuelle et se leva lentement. Il serra son gros pull contre sa poitrine et se dirigea vers la salle de bain d’une démarche mal assurée. Le studio était spacieux et tout en courbes épurées. Des renfoncements dans le sol séparaient deux alcôves du reste de la pièce principale. L’une, blottie dans le coin le plus éloigné, contenait simplement un lit ; bien qu’il n’ait pas été utilisé récemment, les draps gisaient en travers du matelas et à moitié répandus par terre. L’autre, au constant agacement de Neru, était placée juste devant la fenêtre. Y trônait son fauteuil de RV, un modèle élégant et de bonne qualité qui avait déjà beaucoup servi, ainsi qu’un sofa presque neuf et une table basse en verre décorée d’une couche de poussière.
Neru gravit les deux marches en grommelant contre cet effort supplémentaire. Il traversa l’espace à manger et franchit une porte coulissante près de l’espace à dormir. Il se dévêtit, sauta dans la cabine de douche et s’adonna mécaniquement à son rituel de propreté. Il se sécha en bâillant et daigna jeter un regard critique au miroir de plain-pied.
Il nota ses yeux gris bouffis et cernés par le manque de sommeil. Il allait devoir cacher ça. De taille moyenne, plutôt maigre et pâle, Neru se jugeait parfaitement banal. Ses cheveux bruns étaient un peu trop longs et très mal coupés. En règle générale, il s’en occupait lui-même en quelques secondes passées avec une paire de ciseaux, trop impatient pour se rendre chez le coiffeur. Il batailla pour leur redonner un semblant d’ordre et les attacha en courte queue de cheval, s’assurant qu’on ne vît pas les dégâts de face. Une tunique et un pantalon saisis au hasard dans la penderie et il décida qu’il était présentable. Il enfila des chaussures, attrapa la paire d’hololunettes patientant dans l’étui près de la porte d’entrée et quitta son appartement.
Le soleil bas qui baignait la coursive extérieure l’éblouit à nouveau un instant.
— C’est bon, marmonna-t-il, bougon. Couche-toi, qu’on en finisse.
Il posa les lunettes sur son nez. Aussitôt, leurs verres s’assombrirent contre la luminosité ambiante.
Soulagé, Neru prit la direction de l’ascenseur. Dans la cabine qui le conduisait au rez-de-chaussée, il alluma les lunettes d’une pression sur l’une des branches. Les deux écrans affichèrent l’heure. Il avait encore un peu de temps devant lui. Il en profita pour s’occuper des réglages. La caméra intégrée à la monture lui renvoyait une image peu flatteuse de son visage. Après l’application judicieuse de quelques filtres, ses yeux rougis et fatigués n’y parurent presque plus.
Six étages plus bas, il sortit de son immeuble et jeta un regard anxieux aux alentours. Autour de lui se dressaient les hautes silhouettes de bâtiments résidentiels tous identiques : de fines tiges blanches parsemées de modules d’habitation bulbeux qui lui faisaient penser à des tumeurs. Chaque fois qu’il mettait le nez dehors, il se croyait au cœur d’une forêt de champignons géants. Les espaces verts omniprésents entre les tours renforçaient encore cette impression. Un robot d’entretien traversa devant lui, taillant la pelouse par devant et l’arrosant d’eau enrichie d’engrais par derrière.
Quelques piétons et un véhicule occasionnel déambulaient dans les allées. Neru se fondit parmi eux sans les regarder. Il ressemblait à n’importe quel autre passant, comme eux les yeux rivés sur la paire d’hololunettes perchée sur son nez, mais ses épaules se courbaient sous son malaise. Il savait que ces gens étaient probablement tous des travailleurs qui rentraient chez eux, et cela le rendait presque malade.
Il leva une main devant son visage et le minuscule projecteur sur l’arête de ses lunettes y dessina un menu. Pour se détendre, il se connecta sur une chaîne de programmes de divertissement. Il s’esquiva dans un sentier discret, un œil sur l’écran et l’autre sur l’endroit où il mettait les pieds. L’émission était une table ronde d’invités du Grand Panthéon, et il ne lui prêta qu’une attention distraite.
Le Grand Panthéon rassemblait les avatars les plus célèbres de tout RÉEL, les véritables stars du monde virtuel, ceux qui avaient su se hisser au sommet de leurs panthéons. On parlait d’eux partout, on leur réservait des interviews, des fêtes magnifiques, des émissions spéciales, on se ruait sur les mods qu’ils achetaient… Nombreux étaient ceux qui rêvaient d’atteindre un jour cette élite formidable. Cependant, leurs débats sur les motifs décoratifs les plus en vogue du moment ne captivaient guère Neru.
Il émergea bientôt sur l’une des zones de loisirs, un vaste territoire boisé où l’on croisait parfois un terrain de football ou un court de tennis. Il choisit une promenade verdoyante qui faisait le tour d’un étang. Il marchait depuis quelques minutes quand ses lunettes émirent un tintement qui le fit sursauter. Il s’éclaircit la gorge et se lécha les lèvres, nerveux, avant d’accepter l’appel.
Le visage de sa mère remplaça l’animateur sur la partie supérieure de ses verres.
— Tu as réfléchi à ce que je t’ai dit ? demanda-t-elle de but en blanc.
Neru ravala une bouffée de frustration amère. Il faisait toutes les semaines l’effort de se déconnecter de RÉEL et de chausser ces lunettes qui n’étaient qu’un pâle substitut de connexion virtuelle pour lui parler, parce qu’elle refusait d’utiliser son avatar en ligne pour communiquer comme tout le monde… et jamais un bonjour ne lui échappait.
— Salut, Maman, dit-il vaillamment. Il fait beau aujourd’hui, non ? Je me suis dit que j’allais sortir marcher un peu…
Elle haussa un sourcil peu impressionné.
— Je sais très bien que tu ne mets le nez dehors que quand je t’appelle, Neru. Pas la peine de chercher à me duper. Qu’est-ce que tu as fait à tes yeux ? ajouta-t-elle en plissant les paupières. Tu les photomanipules ? Si tu utilisais un véritable écran et pas ces saletés d’hololunettes qui te zombifient un homme, tu te serais rendu compte d’à quel point c’est mal fait. Tu as encore passé la nuit sur tes jeux, c’est ça ?
Pris sur le fait, il déglutit et avoua :
— Oui… Mais c’était pour la bonne cause, Maman ! s’écria-t-il, excité. Je viens d’entrer au panthéon !
Il avait espéré voir de la surprise sur son visage, une étincelle de fierté, peut-être un bref sourire.
— Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ?
Neru trébucha sur un misérable caillou et se tordit la cheville. Il se laissa tomber par terre pour la masser, muet.
— Et je t’ai dit mille fois de m’appeler Adélaïde. Tu n’as plus cinq ans. Tu en auras vingt dans moins de deux mois, et tu sais ce que ça signifie. Il est temps que tu fasses quelque chose de ta vie.
Ses vingt ans signifiaient surtout qu’Adélaïde ne serait plus légalement obligée de rester en contact avec lui. Fini, le quota minimum de trente minutes de conversation par mois. La société voulait bien essayer de « remédier à la solitude des jeunes, trop tôt embrigadés dans le monde virtuel », mais elle ne pouvait pas grand-chose pour résoudre l’absence de toute bonne volonté de l’un des deux partis en présence.
— Ma vie me va très bien comme ça, marmonna-t-il.
L’amertume lui brûlait la gorge. Un joggeur le dépassa sans lui prêter la moindre attention, absorbé par les informations que lui débitaient ses lunettes.
— Ne sois pas ridicule. Tu ne vas pas passer le restant de tes jours à jouer à ces amuse-crétins.
— Et pourquoi pas ? s’exclama-t-il, piqué au vif. Il y a des tas de gens dans le panthéon des joueurs qui occupent tout leur temps avec les tournois !
— Pour quoi faire ? dit-elle lentement, comme si elle s’adressait à l’enfant qu’elle venait de lui rappeler ne plus être. Tu ne veux même pas entrer au Grand Panthéon — et tant mieux, qui voudrait être un de ces jet-setteurs irresponsables qui passent leur temps à boire, faire du shopping, coucher ensemble et alimenter les médias en scandales sexuels ?
Neru non plus n’avait pas une grande estime de ces gens-là, mais il savait que plusieurs de ses amis, comme beaucoup de personnes de leur âge, rêvaient d’y entrer. Et les persiflages constants d’Adélaïde commençaient à lui échauffer les oreilles. Il se releva et s’aperçut que son pantalon était couvert de terre. Il grimaça, dégoûté. Ce genre de choses ne serait jamais arrivé dans RÉEL.
— Eh bien ça ne m’intéresse pas, donc tout va bien, clama-t-il sèchement en s’époussetant.
— Ça ne va pas bien du tout, et tu le sais. Il est grand temps que tu te trouves un but dans la vie, Neru.
— Tu veux dire un boulot, gronda-t-il.
— Un travail, oui. Et ne me parle pas sur ce ton, je te prie. Je suis ta mère.
De toutes les hypocrisies qu’elle aurait pu lui jeter à la figure… Oh oui, Adélaïde était sa mère. Sa mère qui l’avait ignoré durant toute son enfance et s’était hâtée de le mettre dehors dès qu’il avait été en âge de vivre seul. Sa mère qui n’avait pas le temps de pouponner, d’élever un fils, parce qu’elle travaillait, elle, et entendait bien que sa descendance en fasse autant.
— Je n’ai pas besoin d’un travail, parvint-il à dire entre ses dents serrées.
— Bien sûr que tu n’en as pas besoin. Plus personne n’a besoin d’un travail. On est à l’âge de la robotique, il y a bien longtemps qu’on n’échange plus des heures de labeur contre de la monnaie artificielle pour obtenir à manger. Ce n’est pas une question de besoin physique, mais d’enrichissement personnel et de don de soi aux autres. Travailler n’est pas la torture que tous ces paresseux qui passent leurs journées sur RÉEL essaient de faire avaler aux jeunes impressionnables comme toi.
— Peut-être, mais je n’en ai pas envie non plus, rétorqua-t-il, et malgré lui, il commençait à hausser le ton.
Elle ne parut même pas s’en apercevoir, trop absorbée par son sujet préféré.
— Ne fais pas ta mauvaise tête. Il existe des centaines de milliers de sujets de recherche en cours, il y en a forcément un qui te plaira.
Ses yeux avaient quitté la caméra et parcouraient quelque chose, sans doute un écran d’ordinateur. Un ordinateur ; il n’y avait vraiment que les travailleurs pour utiliser un outil pareil.
— Ta spécialisation en biologie et mathématiques t’ouvre énormément de pistes. Je vais t’envoyer une liste de sujets possibles. Ce sera non exhaustif, évidemment. Je n’ai pas le temps d’entrer dans les détails. Je suis en pleine phase de tests sur mon projet, c’est la panique au labo.
— Ton projet, répéta Neru, amer.
— Il t’intéresse ? C’est un peu pointu pour ton niveau d’expertise, mais je peux voir à t’y faire accepter en tant que stagiaire. Mais dépêche-toi, les places qu’il nous reste sont très demandées. On parle de domaines d’application dans la médecine, l’aérospatiale…
— Je me fiche de ton projet ! explosa-t-il. J’en ai par-dessus la tête de t’entendre en parler. À chaque fois qu’on s’appelle, tu n’as que ton boulot à la bouche !
Elle le fusilla du regard.
— Cesse tout de suite cette crise d’enfant gâté, Neru. Tu n’as nul besoin de te montrer aussi grossier. Si la recherche ne t’intéresse vraiment pas, ajouta-t-elle, mais son ton suggérait qu’elle ne comprenait pas pourquoi ce ne serait pas le cas, d’autres métiers te seraient peut-être plus adaptés. Les robots ne peuvent pas tout faire dans la société. Ingénieur, par exemple, ou psychologue…
Elle semblait penser lui faire une grande faveur. Bien sûr, elle semblait toujours penser lui faire une grande faveur en interrompant ses recherches le temps d’une conversation à sens unique qu’elle passait à l’abreuver de remarques dédaigneuses et de conseils importuns. Et Neru finissait toujours par se mordre l’intérieur de la joue jusqu’au sang et la laisser monologuer en silence. Il n’aimait pas ce qu’elle avait à dire, mais au moins elle lui parlait. Pendant quelques minutes, il pouvait entretenir l’illusion qu’elle se souciait sincèrement de lui, qu’elle était là parce qu’elle le voulait.
Mais cette fois, son amertume était telle qu’elle déborda en un torrent de mots hargneux.
— Je te dis que je ne veux pas d’un travail ! cria-t-il, si fort qu’il provoqua une envolée d’oiseaux effrayés. Je ne veux pas passer ma vie comme toi, seule et sans amis, complètement lobotomisée par tes maudites recherches, enfermée dans un bureau du matin au soir. Je ne veux pas gaspiller mon temps sur des bêtises dont personne ne se soucie et qui ne me serviront à rien du tout ! Je n’en veux pas, point final !
De l’autre côté de l’étang, le joggeur le fixait, désapprobateur. Il mit le pied dans un nid de poule et faillit s’étaler. Adélaïde avait pincé les lèvres et paraissait furieuse.
— Je vois que tu as décidé d’être particulièrement immature aujourd’hui, dit-elle d’une voix polaire. Je vais te laisser réfléchir à ton comportement, Neru. Rappelle-moi quand tu auras grandi un peu.
Avant qu’il ne puisse ajouter un mot, elle mit fin à la communication. Il retint avec difficulté un hurlement de frustration. Il fit volte-face et rentra chez lui à grandes enjambées, ignorant le joggeur et les rires stupides de l’émission qui était automatiquement réapparue sur ses verres.
Il s’engouffra dans l’appartement, retira ses hololunettes et les rangea. Ses pieds parcoururent presque de leur propre chef le chemin familier jusqu’à son fauteuil de réalité virtuelle. Il se laissa tomber sur le cuir fatigué.
Le soleil couchant déposait des stries de lumière sur le parquet. Son discret robot ménager avait profité de son absence pour nettoyer le sol. Même la table basse était à nouveau propre. Neru songea, cynique, qu’Adélaïde avait eu raison de se déconnecter : leur conversation avait de toute évidence trop duré si l’engin avait trouvé le temps de faire la poussière, pour une fois.
Il pressa les talons de ses mains contre ses paupières et inspira fortement pour refouler la boule de chagrin qui lui obstruait la gorge. Qu’est-ce qu’il avait espéré ? Que son entrée au panthéon entraînerait une soudaine prise de conscience chez Adélaïde ? Qu’elle cesserait enfin de le traiter comme un enfant ? Quelle naïveté. Elle resterait persuadée qu’il ne savait pas ce qu’il faisait jusqu’à ce qu’il accepte de la laisser lui dicter sa vie. Elle se fichait de savoir s’il était heureux ou non. Elle voulait juste qu’il devienne une espèce de clone d’elle-même, quelqu’un qui n’aurait besoin de personne tant qu’il pouvait étudier des bactéries obscures ou bricoler des technologies complètement inutiles.
Il s’allongea sur le fauteuil et appuya d’un doigt furieux sur l’un des boutons qui parsemaient le côté des accoudoirs. Les capteurs se refermèrent sur son cou et le casque se déploya autour de sa tête. Avec un chuintement, les sangles se bouclèrent autour de ses poignets, de ses chevilles et de sa taille. La large visière devant ses yeux s’alluma.
— Bienvenue, Neru, lui lut le système d’une voix féminine avenante. Rappelez-vous que vos identifiants de connexion sont des données personnelles qui ne doivent en aucun cas être divulguées, ni à votre famille, ni à vos amis.
Le message habituel s’effaça et laissa place à son profil. Une représentation de son avatar tournait lentement sur elle-même au centre de l’écran.
Comparée à celle de Likaï ou même de Betti, l’apparence de Neru sur RÉEL était on ne peut plus banale. Il n’avait jamais pris la peine de changer les réglages par défaut du système. Son avatar avait donc été créé à partir d’une photo de lui-même qu’il renouvelait toutes les quelques années, quand il en avait la patience. Il ne l’avait pas eue depuis ses seize ans, mais apparaître sous les traits d’un adolescent aux cheveux courts lui était égal.
L’icône de gestion de la réputation clignotait dans un coin de l’écran. Il la fixa un instant du regard. Il savait que s’il la sélectionnait, le système s’empresserait de lui demander d’entrer son nouveau rang.
Il aurait dû être excité. Obtenir un rang de réputation était un pas crucial vers la célébrité. Mais les mots méprisants d’Adélaïde tournaient en boucle dans sa tête. « Ces amuse-crétins » ; c’était ainsi qu’elle désignait la seule chose qui ait de l’importance pour lui.
Adélaïde était de ces travailleurs de l’extrême qui utilisaient très peu RÉEL. Le succès de ses recherches lui offrait son propre lot de points de réputation, mais elle s’en fichait complètement.
Neru serra amèrement les poings. Il avait envie de frapper quelqu’un. Il savait qu’il fallait qu’il dorme ou mange quelque chose, mais il ne rêvait que d’une bonne partie de boxe. Il ignora sa fatigue et activa RÉEL d’un clignement d’œil. Les capteurs se synchronisèrent avec sa nuque. L’échange de signaux nerveux commença et Neru se sentit glisser dans un état second. Son corps physique s’éloigna jusqu’à n’être plus qu’une sensation fantôme à l’arrière de ses pensées. Il ouvrit les yeux dans son véritable univers.